Acétal et cétal

Les acétals et les cétals sont une classe de composés comprenant respectivement la séquence :

  • R1CH(OR)2 pour les acétals
  • R1,R2C(OR)2 pour les cétals

Cependant, la terminologie IUPAC classe les cétals comme un sous-groupe d'acétals[1] et effectivement, l'ensemble de ces composés que R4 soit un atome d'hydrogène ou un autre radical est dénommé acétal au XXIe siècle. Les acétals sont obtenus par addition nucléophile d'un alcool sur un aldéhyde en milieu acide, suivie d'une élimination d'eau. Les cétals sont obtenus par le même type de réaction effectuée sur les cétones.

Voici un exemple mettant en jeu l'éthanal et l'éthanol :

En dehors des formes pyranosiques et furanosiques des oses, et d'autres composés cycliques, les hémiacétals ne sont jamais isolés.

Addition nucléophile d'alcools et de thiols[modifier | modifier le code]

Observations expérimentales[modifier | modifier le code]

La méthode utilisée habituellement consiste à déplacer l'équilibre

en éliminant l'eau qui est un des produits de la réaction. Pour cela, il est fait usage de l'appareil de Dean Stark.

Le réacteur contient, dans un solvant aprotique apolaire (benzène, toluène), le dérivé carbonylé, l'alcool (ou le diol, thiol…), un acide soluble dans ce solvant (acide paratoluènesulfonique). L'eau est extraite par entraînement azéotropique grâce à la formation d'un mélange ternaire benzène-alcool-eau.

Les résultats varient selon la nature du dérivé carbonylé (aldéhyde ou cétone) et la nature de l'alcool (monoalcool, diol, thiol, dithiol…)

Voici un tableau récapitulatif :

Cette réaction n'a pas lieu avec les acides et leurs dérivés. On ne peut donc attendre la formation des orthoesters R - C(O-R')3 à partir des esters par cette méthode.

La synthèse des cétals et acétals peut également être conduite dans des conditions totalement anhydres par réaction du dérivé carbonylé avec un alcoxytriméthylsilane, réaction catalysée par le trifluorométhylsulfonate de triméthylsilyle :

Mécanisme réactionnel[modifier | modifier le code]

Cet exemple est applicable aussi bien à la synthèse des cétals ou de thio(a)cétals. On constatera que cette réaction d'addition nucléophile ne peut être catalysée que par les acides, dissociés ou non (catalyse acide généralisée)

Intérêt en synthèse organique[modifier | modifier le code]

L’intérêt de la formation de ces acétals et cétals consiste en leur stabilité vis-à-vis des nucléophiles (bases alcalines, organométallique, ions hydrures).

On pourra ainsi protéger un groupement carbonyle, si on doit faire réagir un autre groupement de la molécule en milieu basique (généralement, les bases provoquent la formation plus ou moins complète d'un énolate, ce que l’on veut éviter).

Par exemple :

Déprotection du dérivé carbonylé[modifier | modifier le code]

Hydrolyse des acétals, des cétals et des thioacétals[modifier | modifier le code]

Elle ne peut être réalisée qu'en milieu acide. La vitesse de cette réaction dépend de la nature de l'hétéroatome.

Les acétals et cétals, tels les dioxolane, sont très rapidement hydrolysés à pH=1 et à température ordinaire.

Par contre les thiocétals (oxathiolanes et dithiolanes par exemple) demanderont des conditions plus dures (température plus élevée ou temps de réaction plus important) pour être hydrolysés.

Cependant, la présence dans le milieu réactionnel de réactifs électrophiles qui se fixent sur le soufre et diminuent la stabilité de la liaison carbone-soufre va faciliter l'hydrolyse. Ainsi le cation nitrosyle NO+ [2]:

Les oxydants, qui sont eux-mêmes des électrophiles, oxydent les acétals soufrés. Ainsi les 3-oxathiolanes sont-ils partiellement oxydés en S-oxy-3-oxathiolanes par les oxydants métaboliques.

Déprotection en milieu anhydre[modifier | modifier le code]

Les oxathiolanes sont les plus appropriés pour permettre une restitution du dérivé carbonylé en milieu non aqueux. En effet, le traitement de ces composés par le zinc dans l'éthanol permet cette opération, grâce à la formation de sulfure de zinc.

Réduction[modifier | modifier le code]

Les acétals et cétals soufrés (thioacétals et thiocétals) sont réduits de manière intéressante par l'hydrogène en présence de Nickel de Raney, cette réaction permettant de passer de manière simple d'un dérivé carbonylé à un alcane :

Utilisation pharmaceutique de ces composés[modifier | modifier le code]

De nombreux acétals (lamivudine, emtricitabine…) sont actuellement utilisés en tant qu'antirétroviraux. Leur hydrolyse facile en milieu légèrement acide et la présence d'un excès d'électrophiles dans les cellules atteintes contribue certainement à leur efficacité.

Autres utilisations[modifier | modifier le code]

Les acétals sont employés en parfumerie soit pour leurs qualités olfactives (le vert lilas est le diacétal de l'aldéhyde phénylacétique), soit pour la stabilisation, vis-à-vis de l'oxydation, d'aldéhydes fragiles. Deux polyacétals sont importants dans l'industrie: le polyformol linéaire qui est un plastique technique utilisé pour la fabrication de pièces moulées et le polybutyral qui est l'acétal du butanal et de l'alcool polyvinylique et qui, sous forme de film, intervient dans la fabrication de verre de sécurité feuilleté comme le triplex.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « ketals », IUPAC, Compendium of Chemical Terminology [« Gold Book »], Oxford, Blackwell Scientific Publications, 1997, version corrigée en ligne :  (2019-), 2e éd. (ISBN 0-9678550-9-8)
  2. CAREY SUNDBERG . Chimie Organique Avancée, Tome 2, page 691. DeBoeck Université 1997

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]