Abraham Trembley

Abraham Trembley
Abraham Trembley
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GenèveVoir et modifier les données sur Wikidata
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Aquatic microscope-MHS 10 (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Abraham Trembley () est un naturaliste genevois. Il est principalement connu pour ses études sur l'hydre.

Il a été parmi les premiers à développer la zoologie expérimentale. Sa maîtrise de cette méthode a conduit certains historiens des sciences à le considérer comme le « père de la biologie ».

Il a également écrit sur la religion et la morale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Trembley naît dans une famille bourgeoise de Genève. Il étudie d'abord les mathématiques dans l'académie fondée par Jean Calvin et se prépare à devenir pasteur. Les circonstances le conduisent à se détourner de cette voie et il s'installe aux Pays-Bas. Il réside d'abord à Leyde, où il donne des leçons de philosophie et de lettres. Le comte William Bentinck le remarque et l'engage comme précepteur de ses deux fils.

Une Hydre, dessinée par Trembley dans son mémoire de 1744.

Il se consacre à la zoologie à partir de 1736. Dans les cours d'eau sur la propriété du comte il découvre un organisme qu'il appelle polype ; il n'est toutefois pas le premier à signaler son existence, le naturaliste néerlandais Antoni van Leeuwenhoek (1632–1723) ayant déjà annoncé sa découverte en 1702. Au cours des années qui suivent, il s'affirme comme un spécialiste de ce polype, ou hydre d'eau douce.

Ses études de l'hydre sont publiées dans quatre Mémoires pour servir à l'histoire d'un genre de polypes d'eau douce à bras en forme de cornes (1744). Il y démontre la nature animale de l'hydre et décrit pour la première fois une forme de régénération animale complète. Ce mémoire est important aussi pour les méthodologies, alors nouvelles, qu'il emploie. Il utilise systématiquement l'expérimentation pour essayer de comprendre le fonctionnement de l'hydre ; jusqu'alors les naturalistes se contentaient de décrire leurs observations et d'induire à partir d'elles une classification. Trembley introduit des perturbations afin d'essayer de comprendre les mécanismes sous-jacents aux observations. La découverte de la nature animale des coraux — annoncée par Jean-André Peyssonnel en 1726 et accueillie avec un grand scepticisme — est confirmée par Trembley[1].

Laboratoire de Trembley, dessiné dans son mémoire de 1744.

Sa patience et sa méthode sont exemplaires, et il développe considérablement la zoologie expérimentale, bien qu'on ne puisse le créditer, comme cela arrive parfois, d'avoir fondé cette branche de la zoologie.

Il est le premier à éclaircir la reproduction d'animaux par bourgeonnement, à effectuer des greffes permanentes de tissus animaux. Il découvre que les protozoaires se multiplient par division et décrit certaines caractéristiques physiques du protoplasme, un siècle avant Félix Dujardin.

Il est élu membre de la Royal Society en 1743 et membre correspondant de l'Académie des sciences. Il reçoit la médaille Copley en 1743. Il publie plusieurs ouvrages sur la religion naturelle, des articles d'histoire naturelle dans les Philosophical Transactions de 1742 à 1757.

Il devient précepteur du fils du duc de Richmond, avec lequel il voyage en Allemagne et en Italie. Pendant la même période, 1747-1757, il participe aussi au service diplomatique anglais. En 1757 il retourne en Suisse, où il fonde une famille. En 1760, il obtient une place de bibliothécaire à Genève puis siège au conseil des Deux-Cents. Durant la fin de sa vie il écrit dans les domaines de l'éducation, la politique, la religion et la philosophie morale. Il écrit contre les méthodes d'éducation de son concitoyen Jean-Jacques Rousseau.

Il entretient des contacts suivis avec d'autres scientifiques comme Ferchault de Réaumur (1683-1757), Charles Bonnet (1720-1793) et Lazzaro Spallanzani (1729-1799). Les écrivains de l'époque, Henry Fielding (1707-1754), Tobias Smollett (1721-1771), Oliver Goldsmith (1730-1774), et Voltaire (1694-1778), sont au courant de ses travaux mais les tiennent en peu d'estime, car ils ne portent que sur de « vils insectes ». Les savants au contraire en saisissent l'importance et en admirent la minutie.

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) John R Baker, Abraham Trembley of Geneva: scientist and philosopher, 1710-1784, Edward Arnold & Co.,
  • René Sigrist, La nature à l'épreuve : les débuts de l'expérimentation à Genève (1670-1790), Paris, Classiques Garnier, coll. « Europe des lumières » (no 8), , 706 p. (ISBN 978-2-812-40248-7, OCLC 758439690), p. 264-277.
  • (en) Howard M. Lenhoff et Pierre Tardent (dir.), From Trembley's polyps to new directions in research on hydra : proceedings of a symposium honoring Abraham Trembley (1710-1784)
  • (en) Mary E. Sunderland, Abraham Trembley — The Embryo Project Encyclopedia

Annexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Les travaux de Trembley lui-même sont accueillis avec étonnement ; les Transactions of the Edinburgh Naturalists' Field Club, vol. 1, 1886, p. 323, rappellent cette réaction.
  2. Fiche de worldcat.org.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]