Événements du Guébié

En 1970, dans le Guébié, un canton situé à l'ouest de la Côte d'Ivoire, près de la ville de Gagnoa, une révolte, en réponse à l'interdiction d'un nouveau parti politique, le PANA (Parti National Africain), a été sévèrement réprimée et aurait fait environ 4 000 morts (chiffre sujet à polémique....)[1].

Le , un étudiant de l'ethnie Bété, Kragbé Gnagbé, créateur de ce nouveau parti, avec quelques centaines de paysans, va occuper Gagnoa, capitale régionale, et proclamer une République d’Éburnie.


Ceci fut un épisode unique dans l'histoire de la jeune république de Côte d'Ivoire. En effet, après des études à Dakar, puis en France où il est influencé par le socialisme et le panafricanisme, le jeune économiste Kragbé Gnangbé revient en Côte d'Ivoire où il tente sans succès de monter un parti révolutionnaire, panafricaniste, socialiste et national, le PANA (Parti Nationaliste Africain), qui est rapidement interdit par le jeune gouvernement ivoirien, tenu d'une main de fer par Félix Houphouët-Boigny. D'abord considéré comme farfelu par les autorités, le mouvement social-nationaliste soulève au contraire l’intérêt de jeunes Ivoiriens dans tout le pays, provoquant l'inquiétude du régime. Traqué par la police, Gnagbé réagit en prenant le maquis à Gagnoa, en plein cœur du pays bété, où il est soutenu par plusieurs centaines de partisans, avant de proclamer une éphémère "république d'Eburnie". Le gouvernement ivoirien de l'époque réagira quant à lui avec une grande fermeté contre cette tentative, quelque peu utopique, d'insurrection démocratique et populiste et il est mortellement blessé dans les affrontements qui suivront. Malgré les aspects idéologiques et populistes de l'initiative de Gnagbé, cet épisode aide surtout à comprendre le sentiment d'isolement depuis longtemps ressenti dans l'ouest du pays.

Vers la fin des années 2000, le pays Krou a été fortement touché par la guerre civile en Côte d'Ivoire.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gadji Dagbo Joseph, L'Affaire Kragbé Gnagbe, Éditions NEI
  • Samba Diarra, Les Faux Complots d'Houphouët-Boigny, Éditions Karthala, 1997[2]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le chiffre de 4 000 victimes est indiqué dans l'ouvrage du professeur Samba Diarra, Les faux complots d'Houphouët-Boigny
  2. Le professeur Samba Diarra, secrétaire-adjoint du syndicat des médecins, chirurgiens, dentistes et pharmaciens de Côte d'Ivoire, a été arrêté en 1963 pour « faux complot ». Après sa libération, en 1966, il deviendra médecin-chef à l'hôpital de Sassandra puis professeur de gynécologie et d'obstétrique de l'Université de Côte d'Ivoire de 1980 à 1991