Équitation aux Jeux olympiques de 1900

Équitation aux Jeux olympiques de 1900
Description de l'image Equestrian pictogram.svg. Description de l'image Olympic rings.svg.
Généralités
Sport Sport équestreVoir et modifier les données sur Wikidata
Éditions 1re
Lieu(x) Paris
Nations 8 mais seulement 5 ont participé aux épreuves reconnues par le CIO
Épreuves 5 mais seulement 3 reconnues par le CIO

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L'équitation fait son apparition pour la première fois lors des Jeux olympiques de 1900. Les épreuves se déroulant dans le cadre de l'Exposition universelle de 1900, cinq épreuves sportives et de présentation sont prévues au programme. Seules les trois épreuves sportives composées du saut d’obstacles, du saut en hauteur et du saut en longueur sont reconnues officiellement par le Comité international olympique. Huit nations participent aux épreuves équestres mais seulement cinq prennent part aux épreuves sportives.

L’organisation de la manifestation est confiée par l’Exposition à la Société hippique française qui désigne un comité en pour mener à bien le projet. Un terrain situé place de Breteuil est choisi comme site pour les trois jours de concours ayant lieu les journées du , et . La compétition est placée sous la présidence d’un jury international.

Si les épreuves sportives mettent en avant les qualités des officiers et de leur monture, les épreuves de présentation sont l’occasion pour les propriétaires et hommes du monde de montrer la brillance de leurs équipages et de leurs chevaux.

Le bilan du concours s’avère globalement positif. Un manque de visiteurs est déploré mais celui-ci s’explique par le positionnement du site, assez éloigné des bords de Seine où ont lieu le gros des manifestations. La gestion financière de l’événement par la Société hippique française est cependant saluée avec un résultat très satisfaisant.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le cheval fait son apparition aux jeux de 1900 avec une compétition de polo, considéré par le CIO comme séparé des autres sports équestres, et le concours hippique. Les Jeux de 1900 se déroulent dans le cadre des Concours Internationaux d'Exercices physiques et de Sports associés à l'Exposition universelle de 1900[1]. La présence d'activités équestres lors de ces jeux est légitime par l'importante place que tient le cheval à l'époque. Les courses de chevaux sont une institution, les attelages sont encore omniprésents et la cavalerie est le prestige des militaires. L'équitation est à la fois une discipline populaire et de tradition, héritage d'un passé révolu qui trouve dans le sport une reconversion[2].

Organisation[modifier | modifier le code]

Comité d'organisation[modifier | modifier le code]

C'est le comité de la Société hippique française qui est chargé d'organiser l'ensemble des épreuves équestres dans le cadre de l'Exposition[3]. Les travaux d'étude à ce rassemblement débute en où après l'élection des membres du comité, la question du programme des festivités est rapidement abordée[4]. Les premières propositions sont très ambitieuses : une compétition de polo international, un carrousel militaire, une fantasia arabe, une épreuve de cochers et un concours hippique sont tout d'abord évoqués[4],[2]. Au mois de , la tenue de plusieurs disciplines précédemment évoquées est avortée. Le comité se concentre alors sur le polo et le concours hippique[5]. Le concours se présente finalement sous la forme de cinq épreuves : une épreuve de saut d'obstacles, une épreuve de saut en largeur, une épreuve de saut en hauteur, un concours de cheval de selle et un concours d'attelage à quatre[2],[6]. La proposition de programme est soumise le à l'approbation du Commissariat général de l'Exposition pour la somme de 60 000 francs de dotation[6]. L’Exposition s’engage à financer le concours à hauteur de 50 000 francs au titre de subvention et de 30 000 francs de garantie[6]. Cet important soutien place les sports équestres dans les disciplines les mieux financées[2]. Au , le budget prévisionnel du concours hippique est de 162 350 francs[4].

Site des compétitions[modifier | modifier le code]

Photo en noir et blanc représentant une carrière en sable entourée de tribunes constituées de grandes tentes; au fond des immeubles apparaissent derrière les tentes; sur la piste des attelages sont arrêtés les uns à côté des autres, des hommes déambulant entre eux.
Les tribunes et la piste installées place de Breteuil.

La question du site des épreuves équestres est évoquée dès mai 1899 lors des différentes réunions du comité d'organisation. Le site de l'hippodrome de Vincennes est rapidement écarté par le comité car ne correspondant pas aux critères de fête attendue et de public recherché pour la manifestation qu'il souhaite mettre en place[4]. Une demande est portée pour obtenir l'autorisation d'utiliser la cour de l'École de guerre et une partie de la cour de Fontenoy[4], mais celle-ci est rejetée par les autorités militaires[5]. La pelouse de Bagatelle est également évoquée mais le site est jugé trop éloigné, ce qui occasionnerait une logistique supplémentaire et une baisse des recettes[5]. Le choix se porte finalement sur un terrain situé place de Breteuil, dont les dimensions correspondent aux conditions du projet[5].

Calendrier[modifier | modifier le code]

Les épreuves équestres se sont déroulées sur les trois journées du au , mais avec seulement trois journées de concours les , et [3].

Équitation aux Jeux olympiques de 1900
Mai/Juin 29 30 31 1 2
Épreuves d’obstacles
Prix international de selle
Championnat du saut en largeur
Attelages à 4 chevaux
Championnat du saut en hauteur
       Jour de compétition

Participation[modifier | modifier le code]

Ce sont huit nations qui se sont affrontées lors des épreuves équestres au cours de cette manifestation. Dans son rapport officiel sur le bilan des concours internationaux, Daniel Mérillon regrette le nombre peu élevé de pays participant aux épreuves équestres, affirmant que des primes plus élevées et des indemnités de déplacement calculées en fonction des kilomètres parcourus auraient peut-être permis d'attirer des pays plus éloignés géographiquement. Il constate néanmoins que la répartition entre chevaux français et étrangers a été satisfaisante permettant d’affirmer le caractère international de la compétition[7].

Engagement aux épreuves équestres
Désignation des épreuves Allemagne Amérique Autriche Belgique Espagne Italie Russie France TOTAL
Épreuves sportives
Épreuves d’obstacles 1 11 5 1 27 45
Championnat du saut en largeur 1 3 2 2 9 17
Championnat du saut en hauteur 1 4 5 1 7 18
Épreuves non reconnues par le CIO
Prix international de selle 1 2 3 45 51
Attelages à 4 chevaux 1 1 1 9 1 2 16 31

Compétition[modifier | modifier le code]

Le programme se partage entre épreuves sportives, reconnues par le Comité international olympique, et concours de modèles et allures. La compétition est placée sous la présidence d’un jury international[8].

Épreuves sportives[modifier | modifier le code]

Saut d'obstacles[modifier | modifier le code]

L’épreuve de sauts d’obstacles se déroule sur un parcours de 850 m composé de 22 obstacles. Les difficultés rencontrées sont un double, un triple, un mur, des barrières et une « banquette irlandaise[Note 1] » inédite en compétition[2],[9]. Les obstacles mesurent entre 1,10 m et 1,20 m de hauteur. La rivière a une largeur d’environ 4 m[9].

L’engagement est de 40 francs par cheval. Le premier prix remporte la somme de 6 000 francs, le second 3 000 francs et le troisième 1 000 francs[3].

Les gagnants du concours, tous sans faute, ont été départagés au chronomètre. L’épreuve est ainsi remportée par Aimé Haegeman, officier de lanciers belge et également instructeur à l’Ecole de cavalerie d’Ypres. Avec Benton II, cheval bai de 10 ans d’origine irlandaise, il réalise son parcours en 2 min 16 s[7]. La seconde place est également pour la Belgique. Georges van der Poele et son cheval Windsor Squire, un cheval anglais alezan âgé de 9 ans, termine son parcours en 2 min 17 s 3/5. La troisième place est remportée par un Français, Louis de Champsavin, lieutenant instructeur de cavalerie à l’École de Saint-Cyr, et son cheval Terpsichore, une jument baie de 6 ans. Ils réalisent leur parcours en 2 min 26 s[9]. Le sport universel illustré loue le style et la qualité technique du cavalier français dont la monte est jugée supérieure à celle de ses concurrents, même si ces derniers ne déméritent pas[10].

Médaille Nom Pays Cheval
Médaille d'or Aimé Haegeman Drapeau de la Belgique Belgique Benton II
Médaille d'argent Georges van der Poele Drapeau de la Belgique Belgique Windsor Squire
Médaille de bronze Louis de Champsavin Drapeau de la France France Terpsichore

Saut en hauteur[modifier | modifier le code]

Photo en noir et blanc d'un homme franchissant un obstacle sombre surmonté d'une barre blanche; la position du cavalier est notable car il est très assis dans sa selle, les bras tendus et les rênes longues pour permettre au cheval de sauter.
Dominique Gardères franchissant 1,85 m lors de l’épreuve de saut en hauteur.

Le saut en hauteur, activité familière à l’époque, clôt les épreuves sportives[11]. C’est l’unique fois dans l’histoire des jeux où des épreuves de saut en largeur et de saut en hauteur ont lieu[11],[12].

L’engagement est de 40 francs par cheval. La dotation est composée d’un objet d’art ou d’une somme correspondante : 4 000 francs pour le premier prix, 1 000 francs pour le deuxième prix et 500 francs pour le troisième et le quatrième prix[3].

Malgré un terrain lourd et glissant, conséquence des fortes pluies qui se sont abattues en première partie de journée, l’épreuve s’est parfaitement déroulée et a offert le spectacle attendu[10]. La compétition s’est avérée très serrée puisque deux concurrents sont parvenus à franchir la barre de 1,85 m, ce qui amène à l’attribution de la première place à deux cavaliers : le français Dominique Maximien Gardères et son cheval Canela mesurant 1,59 m au garrot, et l’italien Giovanni Giorgio Trissino et son cheval Oreste mesurant 1,64 m au garrot. La troisième place est remportée par le belge Georges van der Poele qui franchit 1,70 m avec son cheval Ludlow[13].

Médaille Nom Pays Cheval
Médaille d'or Dominique Maximien Gardères Drapeau de la France France Canela
Médaille d'or ex-aequo : Giovanni Giorgio Trissino Drapeau de l'Italie Italie Oreste
Médaille de bronze Georges van der Poele Drapeau de la Belgique Belgique Ludlow

Saut en longueur[modifier | modifier le code]

Photo en noir et blanc d'un cavalier en uniforme sur son cheval monté en bride présentant son profil droit.
Constant van Langhendonck remporte l’épreuve de saut en longueur.

Le saut en longueur, appelé aussi saut en largeur, consiste à franchir une rivière sans toucher le ruban rouge déposé de l’autre côté de l’obstacle et à mesurer la longueur du saut[11].

L’engagement est de 40 francs par cheval. Les prix sont composés d’un objet d’art ou d’une somme d’argent équivalente : 4 000 francs pour le premier, 1 000 francs pour le second et 500 francs pour le troisième et le quatrième[14].

Sur les 17 concurrents inscrits, tous sont parvenus à franchir la rivière à 4,50 m mais plusieurs ont été éliminés dès 4,90 m. L’épreuve est remportée par le belge Constant van Langhendonck, officier de guides, qui, avec sa jument de 8 ans Extra Dry, parvient à franchir 6,10 m. Les chevaux classés suivants parviennent, eux, à franchir 5,70 m, 5,30 m et 4,90 m[9]. Les résultats sont jugés modestes par la presse, mais s’expliquent par un terrain lourd ne favorisant pas la battue d’appel[10].

Médaille Nom Pays Cheval
Médaille d'or Constant van Langhendonck Drapeau de la Belgique Belgique Extra Dry
Médaille d'argent Giovanni Giorgio Trissino Drapeau de l'Italie Italie Oreste
Médaille de bronze Jacques de Prunelé Drapeau de la France France Tolla

Autres disciplines[modifier | modifier le code]

D'autres disciplines non reconnues à l'origine par le CIO ont été finalement validées en 2021[15]. Elles consistent en deux concours de modèles et allures, l'un pour cheval de selle et l'autre en attelage à quatre. Ces concours sont à l'époque très prisés et sérieusement dotés. Le concours consiste en un défilé de chevaux et de voitures soumis à la notation d'un jury. C'est l'occasion pour les propriétaires de défiler en grande tenue et de faire admirer leurs animaux, pour le plus grand plaisir des spectateurs[11].

Chevaux de Selle[modifier | modifier le code]

Composition de trois photos en noir et blanc : la première photo en haut présente plusieurs cavaliers arrêtés en ligne, en uniforme ou en haut de forme; la photo en bas à gauche représente un cavalier et son cheval à l'arrêt de profil devant un homme en haut de forme prenant des notes; la photo en bas à droite représente un cavalier marchant son cheval au pas les rênes détendues.
Photos illustrant le concours de chevaux de selle.

L’épreuve consiste en un jugement de modèle et allures des différents chevaux de selle présentés. Cette présentation permet d'admirer le style et la prestance des couples engagés[16].

L’engagement est de 40 francs par cheval. La dotation est composée d’un objet d’art ou d’une somme correspondante : 4 000 francs pour le premier prix, 3 000 francs pour le deuxième prix, 2 000 francs pour le troisième prix et 1 000 francs pour le quatrième prix[3].

Le jury décerne les quatre premiers prix a des chevaux au type bien différent : un hack de pur-sang, un demi-sang, un poney de promenade et un hunter[Note 2]. Le premier prix est remporté par The General, cheval alezan de pur-sang. Le second prix va à Ritournelle, une jument alezane. Le troisième prix est pour le poney gris du marquis Robert de Montesquiou-Fézensac et le quatrième pour la jument anglaise de type hunter du comte d’Havrincourt[9]. Deux amazones, Mlle Elvira Guerra et Mlle Moulin, participent également au concours. Dans un milieu très masculin, leur présence est très remarquée[16];

Jean Romain dans Le sport universel illustré juge très sévèrement les chevaux présents dans cette épreuve, peu de sujets ayant de valeur à ses yeux. Il regrette également le peu de concurrents étrangers et n’hésite pas à critiquer la communication faite par les organisateurs autour de l’événement dans les pays voisins[10].

Classement Nom Pays Cheval
1 Napoléon Murat Drapeau de la France France The General
2 Victor Archenoul Drapeau de la France France Ritournelle
3 Robert de Montesquiou-Fézensac Drapeau de la France France Greg Leg

Attelage à quatre chevaux[modifier | modifier le code]

Photo en noir et blanc représentant une voiture tirée par quatre chevaux gris.
Attelage à quatre chevaux lors de la présentation.

Le concours consiste en une présentation de voitures attelées à quatre chevaux. Les propriétaires et meneurs sont en grande tenue et les voitures recouvertes des couleurs vives des équipages et aux rubans assortis[16].

L’engagement est de 100 francs par attelage. La dotation est composée d’un objet d’art ou d’une somme correspondante : 6 000 francs pour le premier prix, 3 000 francs pour le deuxième prix, 1 000 francs pour le troisième prix. Chaque attelage repart également avec un souvenir et une gratification. Des indemnités de transport pour les attelages venant de l’étranger sont également prévus[3].

La présence de 31 attelages lors d’un concours présente pour l’époque une prestation spectaculaire. La piste est d’ailleurs trop petite pour accueillir tous les attelages au même moment[9]. L’ensemble des équipages est de très bon niveau et l’attribution des prix semble avoir été difficile à décider[17]. Le spectacle est également gâché par la pluie qui vient interrompre la présentation[10].

Classement Attelage Pays
1 Georges Nagelmackers Drapeau de la Belgique Belgique
2 Léon Thome Drapeau de la France France
3 Jean de Neuflize Drapeau de la France France

Médailles[modifier | modifier le code]

Tableau des médailles
Rang Pays Médaille d'or Médaille d'argent Médaille de bronze Total
1 Belgique 3 1 1 5
2 France 2 2 4 8
3 Italie 1 1 0 2

Bilan[modifier | modifier le code]

Le bilan du concours s’avère globalement positif. Un manque de visiteurs est à constater mais celui-ci s’explique par le positionnement du site, assez éloigné des bords de Seine où ont lieu le gros des manifestations. Néanmoins dans son rapport officiel, Daniel Mérillon se réjouit de la présence du public élégant français et étranger venu assister aux différentes épreuves. La gestion de l’événement par la Société hippique française est également saluée avec une habile utilisation de la subvention de 50 000 francs attribuée ; les 30 000 francs de garantie n’ayant pas été utilisés[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La banquette irlandaise est une sorte de talus gazonné qui sert d’obstacle.
  2. Le hunter est un cheval de chasse.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Patrick Clastres et Paul Dietschy, Sport, Société et culture XIXe à nos jours, Hachette Éducation, , 256 p. (ISBN 978-2-01-181887-4, lire en ligne)
  2. a b c d et e Drevon 2000, p. 54
  3. a b c d e et f Mérillon 1901-1902, p. 283
  4. a b c d et e Mérillon 1901-1902, p. 285
  5. a b c et d Mérillon 1901-1902, p. 286
  6. a b et c Mérillon 1901-1902, p. 287
  7. a et b Mérillon 1901-1902, p. 290
  8. Mérillon 1901-1902, p. 289
  9. a b c d e et f Mérillon 1901-1902, p. 291
  10. a b c d et e Jean Romain, « Le Concours Hippique international », Le sport universel illustré, no 203,‎ , p. 359-361 (lire en ligne)
  11. a b c et d Drevon 2000, p. 57
  12. Bryant 2008, p. 21
  13. a et b Mérillon 1901-1902, p. 293
  14. Mérillon 1901-1902, p. 284
  15. Podiums des différentes épreuves sur Sports-reference.com. Voir(en) [1]
  16. a b et c Drevon 2000, p. 55
  17. Mérillon 1901-1902, p. 292

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Jennifer O. Bryant, Olympic Equestrian : A Century of International Horse Sport, Eclipse Press, , 270 p. (ISBN 978-1-58150-179-7)
  • André Drevon, « L'équitation », dans Les Jeux olympiques oubliés : Paris 1900, CNRS éditions, , 218 p. (ISBN 9782271058386), p. 54-57
  • Daniel Mérillon, « Concours hippique », dans Concours internationaux d'exercices physiques et de sports : Rapport officiel des Jeux de la IIe Olympiade de Paris en 1900, Paris : Impr. nationale, 1901-1902 (lire en ligne), p. 283-295