Équation polynomiale

En mathématiques, une équation polynomiale, ou équation algébrique[1], est une équation de la forme :

P est un polynôme.

Voici un exemple d'équation simple avec une seule inconnue :

Usuellement, le terme équation polynomiale désigne une équation avec une seule inconnue (notée ici x) :

,

où l'entier naturel n et les , appelés coefficients de l’équation, sont connus. Les coefficients sont le plus souvent des nombres réels ou complexes, mais ils peuvent prendre leurs valeurs dans n’importe quel anneau.

Les équations polynomiales sont le sujet central de la théorie des équations. L'objectif de cette théorie est de trouver les racines d'un polynôme, ce qui revient à résoudre une équation polynomiale. Résoudre l’équation consiste à trouver l’ensemble des valeurs de l’inconnue x (appartenant à un certain ensemble, en général le même corps ou anneau que les coefficients), appelées solutions de l’équation, pour lesquelles l’équation polynomiale est vraie.

On appelle degré de l’équation la plus grande puissance de l’inconnue affectée d’un coefficient non nul. Par exemple, l’équation d’inconnue est une équation polynomiale réelle du second degré dont l'unique solution (racine double) est –1.

Toute équation polynomiale de degré n > 0 à coefficients complexes a n racines complexes (dont certaines sont parfois égales). On peut les exprimer algébriquement si n ≤ 4, mais pas au-delà, sauf dans des cas particuliers.

Théorie[modifier | modifier le code]

Polynômes[modifier | modifier le code]

Soit l’équation d'inconnue

,

dont les coefficients appartiennent à un corps K. On dit également que les solutions de (E) dans K sont les racines sur K du polynôme

.

On montre qu'un polynôme de degré n sur un corps possède au plus n racines. L'équation (E) admet donc au plus n solutions.

Si K' est un surcorps de K, on peut considérer (E) comme une équation à coefficients dans K' ; et les solutions de (E) dans K sont aussi solutions dans K' (la réciproque étant en général fausse). Il est toujours possible de trouver un surcorps de K, appelé corps de rupture du polynôme P, dans lequel (E) admet au moins une solution.

Existence de solutions pour les équations réelles et complexes[modifier | modifier le code]

Le théorème de d'Alembert-Gauss affirme que le corps des complexes est algébriquement clos, c’est-à-dire que toute équation polynomiale à coefficients complexes et de degré au moins un admet une solution.

Il s’ensuit que toute équation polynomiale de degré 1 ou plus à coefficients réels admet une solution complexe. En revanche, une équation comme n’a pas de solution dans (ses solutions sont les complexes i et –i).

Autant l'intuition des solutions réelles d'équations réelles est immédiate (ce sont les abscisses des points où la courbe d'équation y = P(x) rencontre l'axe (Ox)), autant l'existence de ces solutions complexes d'équations réelles peut paraître étonnante et leur localisation indéterminable intuitivement.

Toutefois, un polynôme unitaire réel de degré impair admet nécessairement une racine réelle[2]. En effet, la fonction polynomiale associée est continue, et elle tend vers au voisinage de et vers au voisinage de . D’après le théorème des valeurs intermédiaires, elle prend donc la valeur zéro en un certain réel, qui est ainsi solution de l’équation polynomiale.

Lien avec la théorie de Galois[modifier | modifier le code]

On dispose de formules donnant les solutions des équations polynomiales réelles ou complexes de degré inférieur ou égal à quatre en fonction de leurs coefficients. Abel a montré qu’il n’est pas possible de trouver de telles formules générales (n’utilisant que les quatre opérations usuelles et les racines) pour les équations de degré cinq ou plus. La théorie de Galois donne un critère permettant de déterminer, étant donné une équation polynomiale, si sa solution s’exprime par radicaux.

Résolution explicite des équations numériques[modifier | modifier le code]

Démarche[modifier | modifier le code]

La résolution explicite d’une équation réelle ou complexe du premier degré est immédiate. Résoudre une équation de degré supérieur revient à factoriser le polynôme associé, c’est-à-dire à réécrire (E) sous la forme

,

où apparaissent naturellement les solutions . On cherche donc à exprimer les en fonction des .

Cette démarche s’applique plus généralement si coefficients et solutions prennent leurs valeurs dans un anneau intègre.

Techniques générales[modifier | modifier le code]

Factorisation[modifier | modifier le code]

Lorsqu’une équation P(x) = 0 de degré n admet une solution évidente α, on peut factoriser le polynôme associé sous la forme P(X) = (X – α)Q(X) (en divisant P(X) par X – α, ou en mettant X – α en facteur dans chacun des termes Xk – αk dont P(X) – P(α) est combinaison linéaire). La résolution de P(x) = 0 se ramène alors à celle de l'équation Q(x) = 0, de degré n – 1. Voir par exemple le cas n = 3.

Élimination du terme sous-dominant[modifier | modifier le code]

Pour résoudre une équation de degré n,

,

une étape préliminaire fréquente est de rendre nul le terme de degré n – 1 : en posant , l'équation devient de la forme :

.

Leonhard Euler a conçu cette technique pour le cas n = 3 mais elle s'applique aussi au cas n = 4, par exemple.

Second degré[modifier | modifier le code]

Pour résoudre une équation du second degré du type on calcule son discriminant Δ défini par .

Si le polynôme est à coefficients réels, il a :

  • deux racines réelles distinctes si  ;
  • une racine réelle double si  ;
  • aucune racine réelle si , mais deux racines complexes conjuguées.

Troisième degré[modifier | modifier le code]

La méthode la plus connue de résolution des équations de degré 3, avec expression des racines par des radicaux, est celle de Cardan.

Quatrième degré[modifier | modifier le code]

Pour un exposé détaillé de certaines méthodes de résolution voir :

Une équation quartique, avec , se ramène par changement de variable à des équations quadratiques, dès qu'elle est bicarrée (b = d = 0) ou symétrique (e = a, d = b).

Certaines équations de degré 3 ou 4 peuvent être résolues par la trigonométrie circulaire ou hyperbolique.

Équations de degré supérieur[modifier | modifier le code]

Évariste Galois et Niels Henrik Abel ont démontré, indépendamment l’un de l’autre, que d’une manière générale une équation polynomiale de degré 5 ou plus n’est pas résoluble par radicaux (voir paragraphe « Théorie » ci-dessus). Des exemples d'équations non résolubles par radicaux sont donnés dans les deux articles détaillés. Certaines équations particulières le sont, comme celles associées aux polynômes cyclotomiques d'indice 5 ou 17.

Charles Hermite a en revanche démontré que les équations polynomiales de degré 5 sont résolubles à l’aide des fonctions elliptiques.

Voir en particulier : Méthode d'Hermite.

À défaut, on peut trouver des approximations numériques des racines en utilisant des algorithmes de recherche d'un zéro d'une fonction, comme la méthode de Newton.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean ITARD, « ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES », sur universalis.fr (consulté le ).
  2. Jean-Luc VERLEY, « POLYNÔMES : Fonctions polynomiales », sur universalis.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]