Élections régionales de 2019 en Thuringe

Élections régionales de 2019 en Thuringe
90 députés du Landtag
(Majorité absolue : 46 députés)
Type d’élection Élection législative régionale
Corps électoral et résultats
Inscrits 1 729 242
Votants 1 121 814
64,87 % en augmentation 12,2
Votes exprimés 1 108 388
Votes nuls 13 426
Linke – Bodo Ramelow
Voix 343 780
31,02 %
en augmentation 2,8
Députés élus 29 en augmentation 1
AfD – Björn Höcke
Voix 259 382
23,40 %
en augmentation 12,8
Députés élus 22 en augmentation 11
CDU – Mike Mohring (de)
Voix 241 049
21,75 %
en diminution 11,7
Députés élus 21 en diminution 13
SPD – Wolfgang Tiefensee
Voix 90 987
8,21 %
en diminution 4,2
Députés élus 8 en diminution 4
Grünen – Anja Siegesmund et Dirk Adams
Voix 57 474
5,19 %
en diminution 0,5
Députés élus 5 en diminution 1
FDP – Thomas Kemmerich
Voix 55 493
5,01 %
en augmentation 2,5
Députés élus 5 en augmentation 5
Vainqueur par circonscription
Carte
Ministre-président
Sortant Élu
Bodo Ramelow
Linke
Thomas Kemmerich
FDP

Les élections régionales de 2019 en Thuringe (en allemand : Landtagswahl im Thüringen 2019) se tiennent le , afin d'élire les 88 députés de la 7e législature du Landtag, pour un mandat de cinq ans. Du fait des résultats et en application de la loi électorale, 90 députés sont finalement élus.

Ce scrutin intervient au bout de cinq ans de gouvernement rouge-rouge-vert de Bodo Ramelow, qui a conduit pour la première fois la gauche radicale à assumer la direction d'un exécutif régional. Le résultat des urnes voit Die Linke arriver en tête, remportant pour la première fois de son histoire une élection régionale, tandis que l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU), dont la Thuringe a été un bastion pendant deux décennies, termine troisième.

Plus de trois mois plus tard, le libéral Thomas Kemmerich est investi à la surprise générale ministre-président après avoir bénéficié du soutien de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), brisant le tabou établi depuis 1945 sur l'absence de collaboration avec les partis d'extrême droite. Kemmerich démissionne au bout de 24 h, et Bodo Ramelow lui succède quatre semaines plus tard.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le précédent scrutin en 2014 voit la victoire de la CDU, qui renforce sa majorité relative. Christine Lieberknecht cède toutefois le pouvoir à Bodo Ramelow, investi ministre-président à la tête d'une « coalition rouge-rouge-verte ».

Les élections européennes de 2019 voient la CDU conserver sa première place dans la région, bien qu'étant en recul et ne recueillant que 24,7 % des suffrages[1]. L'AfD bondit en deuxième position avec 22,5 %, alors que Die Linke et le SPD reculent fortement, atteignant respectivement la troisième et la quatrième place.

Les élections régionales en Saxe et en Brandebourg du voient la tendance des élections européennes se confirmer : forte montée de l'AfD et légère poussée des Grünen, tandis que les autres principaux partis s'écroulent.

Moins d'un mois avant le scrutin, le , survient l'attentat de Halle, au cours duquel un terroriste d'extrême droite tue deux personnes. Plusieurs hommes politiques, notamment de la CDU et du SPD, accusent l'AfD d'avoir une responsabilité intellectuelle dans cette attaque, à la suite de déclarations faites par des membres du parti. L'AfD accuse ses adversaires d'instrumentaliser l’événement pour l'attaquer avec des déclarations de ses membres sorties de leur contexte[2].

Mode de scrutin[modifier | modifier le code]

Le Landtag est constitué de 88 députés (en allemand : Mitglied des Landtags, MdL), élus pour une législature de cinq ans au suffrage universel direct et suivant le scrutin proportionnel de Hare/Niemayer.

Chaque électeur dispose de deux voix : la première (Wahlkreisstimme) lui permet de voter pour un candidat de sa circonscription selon les modalités du scrutin uninominal majoritaire à un tour, le Land comptant un total de 44 circonscriptions ; la seconde voix (Landesstimme) lui permet de voter en faveur d'une liste de candidats présentée par un parti au niveau du Land.

Lors du dépouillement, l'intégralité des 88 sièges est répartie proportionnellement aux secondes voix entre les partis ayant remporté au moins 5 % des suffrages exprimés au niveau du Land. Si un parti a remporté des mandats au scrutin uninominal, ses sièges sont d'abord pourvus par ceux-ci.

Dans le cas où un parti obtient plus de mandats au scrutin uninominal que la proportionnelle ne lui en attribue, il conserve ces mandats supplémentaires et la taille du Landtag est augmentée par des mandats complémentaires distribués aux autres partis pour rétablir une composition proportionnelle aux secondes voix.

Campagne[modifier | modifier le code]

Principaux partis[modifier | modifier le code]

Parti Idéologie Chef de file Résultat en 2014
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne
Christlich Demokratische Union Deutschlands
Centre droit
Démocratie chrétienne, libéral-conservatisme
Mike Mohring (de) 33,5 % des voix
34 députés
Die Linke Extrême gauche à gauche
Socialisme démocratique, anticapitalisme, populisme
Bodo Ramelow
(Ministre-président)
28,2 % des voix
28 députés
Parti social-démocrate d'Allemagne
Sozialdemokratische Partei Deutschlands
Centre gauche
Social-démocratie, troisième voie, progressisme
Wolfgang Tiefensee
(Ministre de l'Économie)
12,4 % des voix
12 députés
Alternative pour l'Allemagne
Alternative für Deutschland
Droite à extrême droite
Euroscepticisme, national-conservatisme, populisme
Björn Höcke 10,6 % des voix
11 députés
Alliance 90 / Les Verts
Bündnis 90/Die Grünen
Centre gauche
Écologie politique, progressisme
Anja Siegesmund (de) et
Dirk Adams (de)
5,7 % des voix
6 députés
Parti libéral-démocrate
Freie Demokratische Partei
Centre droit à droite
Libéralisme, libéralisme économique
Thomas Kemmerich 2,5 % des voix
0 député

Sondages[modifier | modifier le code]

Sondages en vue des élections régionales de 2019 en Thuringe[3]
Institut Date CDU SPD Grünen FDP Linke AfD
FG Wahlen 24/10/2019 26 % 9 % 5 % 5 % 28 % 21 %
INSA 24/10/2019 24 % 9 % 8 % 5 % 28 % 24 %
FG Wahlen 17/10/2019 26 % 9 % 8 % 5 % 27 % 20 %
INSA 26/09/2019 23 % 9 % 9 % 4 % 29 % 24 %
Infratest dimap 16/09/2019 22 % 7 % 7 % 5 % 28 % 25 %
INSA 22/08/2019 24 % 8 % 11 % 4 % 26 % 21 %
Infratest dimap 30/07/2019 21 % 8 % 11 % 5 % 25 % 24 %
INSA 27/06/2019 26 % 10 % 10 % 5 % 24 % 20 %
INSA 30/05/2019 26 % 11 % 8 % 5 % 25 % 20 %
INSA 25/04/2019 27 % 10 % 7 % 6 % 25 % 19 %
Infratest dimap 26/03/2019 28 % 11 % 8 % 5 % 24 % 20 %
INSA 26/03/2019 27 % 10 % 8 % 5 % 24 % 20 %
INSA 09/11/2018 23 % 12 % 12 % 6 % 22 % 22 %
Infratest dimap 28/08/2018 30 % 10 % 6 % 5 % 22 % 23 %
INSA 02/06/2018 31 % 10 % 6 % 5 % 26 % 18 %
INSA 23/02/2018 32 % 10 % 7 % 5 % 24 % 18 %
INSA 23/10/2017 31 % 13 % 4 % 7 % 20 % 20 %
INSA 04/08/2017 37 % 11 % 4 % 5 % 22 % 18 %
INSA 22/06/2017 37 % 10 % 5 % 4 % 27 % 13 %
INSA 14/04/2017 33 % 15 % 5 % 4 % 22 % 19 %
INSA 02/12/2016 31 % 13 % 6 % 4 % 23 % 20 %
Infratest dimap 22/11/2016 32 % 12 % 6 % 3 % 23 % 21 %
Dernières élections 14/09/2014 33,5 % 12,4 % 5,7 % 2,5 % 28,2 % 10,6 %

Résultats[modifier | modifier le code]

Voix et sièges[modifier | modifier le code]

Résultats des élections régionales de 2019 en Thuringe[4]
Partis Circonscriptions Listes Total
sièges
+/−
Votes % Sièges +/− Votes % Sièges
Die Linke (Linke) 283 589 25,78 11 en augmentation 2 343 780 31,02 18 29 en augmentation 1
Alternative pour l'Allemagne (AfD) 242 221 22,02 11 en augmentation 11 259 382 23,40 11 22 en augmentation 11
Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) 299 438 27,22 21 en diminution 13 241 049 21,75 0 21 en diminution 13
Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) 119 185 10,83 1 en stagnation 90 987 8,21 7 8 en diminution 4
Alliance 90 / Les Verts (Grünen) 71 682 6,52 0 en stagnation 57 474 5,19 5 5 en diminution 1
Parti libéral-démocrate (FDP) 59 047 5,36 0 en stagnation 55 493 5,01 5 5 en augmentation 5
Die PARTEI 0 0,00 0 en stagnation 12 524 1,13 0 0 en stagnation
Parti de protection des animaux (Tierschutz) 0 0,00 0 en stagnation 11 936 1,07 0 0 en stagnation
Parti national-démocrate d'Allemagne (NPD) 0 0,00 0 en stagnation 6 044 0,55 0 0 en stagnation
Autres partis 24 878 2,26 0 - 29 719 2,68 0 0 en stagnation
Votes valides 1 100 040 98,06 1 108 388 98,80
Votes blancs et nuls 21 774 1,94 13 426 1,20
Total 1 121 814 100 44 en stagnation 1 121 814 100 46 90 en diminution 1
Abstentions 607 428 35,13 607 428 35,13
Inscrits / participation 1 729 242 64,87 1 729 242 64,87

Analyse[modifier | modifier le code]

Sociologique[modifier | modifier le code]

Sondage Forschungsgruppe Wahlen[5]
Catégorie Linke AfD CDU SPD Grünen FDP
Sexe
Hommes 29 % 29 % 20 % 8 % 5 % 5 %
Femmes 33 % 18 % 24 % 9 % 6 % 5 %
Âge
Moins de 30 ans 23 % 25 % 13 % 7 % 11 % 7 %
30-44 ans 22 % 29 % 22 % 6 % 6 % 6 %
45-59 ans 28 % 28 % 22 % 7 % 6 % 5 %
Plus de 60 ans 41 % 16 % 24 % 11 % 3 % 4 %
Statut
Ouvrier 31 % 29 % 21 % 7 % 3 % 4 %
Employé 34 % 19 % 21 % 9 % 6 % 5 %
Fonctionnaire 28 % 14 % 28 % 11 % 7 % 7 %
Indépendant 22 % 26 % 29 % 6 % 6 % 7 %
Études
Hauptschulabschluss 25 % 30 % 28 % 10 % 2 % 3 %
Mittlere Reife 27 % 30 % 21 % 7 % 4 % 5 %
Abitur (baccalauréat) 30 % 22 % 20 % 7 % 9 % 5 %
Hochschulabschluss (supérieur) 40 % 10 % 20 % 10 % 9 % 8 %

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le , Thomas Kemmerich, président du groupe parlementaire du Parti libéral-démocrate (FDP), soutenu par l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) et l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), est élu ministre-président de Thuringe au troisième tour de scrutin, battant le sortant Bodo Ramelow de Die Linke de seulement une voix[6].

Moins de vingt-quatre heures après le vote Thomas Kemmerich démissionne le jeudi de ses fonctions, et demande la dissolution du Landtag, ce qui ouvrirait la voie à un nouveau scrutin régional[7]. Le , le SPD, la CDU, Die Linke et les Verts s'accordent sur la tenue d'élections anticipées le [8]. À la suite d'un nouveau vote d'investiture le , Bodo Ramelow est réélu ministre-président et reforme un gouvernement rouge-rouge-vert, désormais minoritaire[9].

La perspective d'un scrutin anticipé est cependant écartée en , en raison de la défection de deux parlementaires de la CDU opposés à la dissolution et de l'opposition des Grünen à un tel scenario, ce qui permet au gouvernement minoritaire de se maintenir au pouvoir[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Results Thüringen - The Federal Returning Officer », sur bundeswahlleiter.de (consulté le )
  2. (de) « Landtag: Mitschuld der AfD am Anschlag von Halle? », sur www.ndr.de (consulté le )
  3. (de) « Umfragen Thüringen (#ltwth) », sur wahlrecht.de (consulté le ).
  4. (de) « wahlen.thueringen.de », sur wahlen.thueringen.de (consulté le )
  5. (de) « Zahlen zur Wahl », sur zdf.de (consulté le )
  6. (de) « Wahl in Thüringen: Kemmerich ist neuer Ministerpräsident », Tagesschau,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « Allemagne: démission du dirigeant controversé de Thuringe au lendemain de son élection », Le Figaro,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « Troubled Thuringia gets fresh election dates », Deutsche Welle,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « « Si ça continue, il y aura une scission » : en Thuringe, l’extrême droite déchire la CDU », Le Monde,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  10. (de) « Landtagswahl abgesagt: Thüringer Landtag wird nicht aufgelöst », Mitteldeutscher Rundfunk,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]