Élections fédérales australiennes de 2019

Élections fédérales australiennes de 2019
151 membres de la Chambre des représentants
(Majorité absolue : 76 sièges)
40 des 76 membres du Sénat
(Majorité absolue : 39 sièges)
Type d’élection Législatives fédérales
Corps électoral et résultats
Inscrits 16 419 543
Votants 15 088 514
91,89 % en augmentation 0,9
Blancs et nuls 835 171
Coalition – Scott Morrison
Voix 5 906 875
41,44 %
en diminution 0,6
Députés élus 77 en augmentation 2
Sénateurs élus 35 en augmentation 5
Travailliste – Bill Shorten
Voix 4 752 110
33,34 %
en diminution 1,4
Députés élus 68 en diminution 1
Sénateurs élus 26 en stagnation
Verts – Richard Di Natale
Voix 1 482 923
10,40 %
en augmentation 0,2
Députés élus 1 en stagnation
Sénateurs élus 9 en stagnation
Chambre des représentants d'Australie
Diagramme
Premier ministre
Sortant Élu
Scott Morrison
Libéral
Scott Morrison
Libéral

Des élections législatives et sénatoriales fédérales ont lieu le en Australie afin de renouveler l'intégralité des 151 sièges de la Chambre des représentants et 40 des 76 sièges du Sénat. La Chambre des représentants choisit ensuite le Premier ministre.

Le scrutin voit la victoire de la Coalition, une formation de partis libéraux-conservateurs dirigée par le Premier ministre sortant, Scott Morrison. Le résultat est une grande surprise, une alternance au profit du Parti travailliste étant jusqu'alors annoncée par les instituts de sondage.

Système politique et électoral[modifier | modifier le code]

L'Australie est une démocratie parlementaire et une monarchie constitutionnelle. C'est un royaume du Commonwealth : Élisabeth II est reine d'Australie, dotée d'un rôle purement cérémoniel, et représentée par un gouverneur général choisi par le gouvernement australien et dont les fonctions sont également d'ordre symbolique (avec toutefois certains pouvoirs de réserve). Le pouvoir exécutif est exercé par le Premier ministre et son Cabinet. Ceux-ci sont responsables face à la Chambre des représentants et ne demeurent en fonction que s'ils bénéficient de la confiance d'une majorité des députés.

Le vote est un vote obligatoire et le fait de ne pas voter est puni d'une amende[1]. La Chambre des représentants et le Sénat sont tous deux élus pour trois ans selon un système de vote préférentiel. Les 151 membres de la Chambre des représentants sont élus dans le cadre de circonscriptions uninominales : sur son bulletin de vote, chaque électeur numérote l'ensemble des candidats par ordre de préférence. Le jour de l'élection, des volontaires des partis politiques se tiennent à l'entrée des bureaux de vote et proposent aux électeurs des cartes « Comment voter » qui indiquent comment chaque parti préconise d'ordonner les candidats. Au moment du dépouillement, les premières préférences sont d'abord comptées puis, si aucun candidat n'a réuni plus de la moitié des suffrages, le candidat arrivé dernier est éliminé et ses secondes préférences attribuées aux candidats restants. L'opération est renouvelée jusqu'à ce qu'un candidat atteigne la majorité absolue.

Pour le Sénat, le scrutin se tient au scrutin à vote unique transférable. Chaque État constitue une circonscription dans laquelle sont élus 12 sénateurs (2 pour les territoires). Si le renouvellement de la chambre est intégral, celui du Sénat a lieu par moitié, quarante des soixante-seize sièges de sénateurs étant à pourvoir en 2019. Du fait des circonscriptions plurinominales et du scrutin quasi-proportionnel, le nombre de candidats pour le Sénat est généralement très élevé. Chaque électeur a deux possibilités pour voter[2] :

  • numéroter par ordre de préférence les candidats individuellement (depuis une réforme de , il suffit de numéroter 12 candidats pour qu'un bulletin soit valable ; précédemment numéroter l'ensemble des candidats était nécessaire, ce qui pouvait représenter plusieurs dizaines de préférences à donner pour un électeur) ;
  • numéroter par ordre de préférence les partis : les préférences sont alors distribuées selon des indications données par le parti à la commission électorale (un électeur doit numéroter au moins 6 partis mais avant la réforme, un électeur ne pouvait numéroter qu'un seul parti dont dépendaient alors toutes ses préférences).

Sièges[modifier | modifier le code]

Le nombre de sièges par État à la Chambre des représentants dépend de la population de cet État. En amont des élections de 2019, la Commission électorale décide de porter de 150 à 151 le nombre de députés à la Chambre, en accordant un siège supplémentaire chacun au Victoria et au Territoire de la capitale australienne et en supprimant un siège d'Australie-Méridionale[3].

Date[modifier | modifier le code]

Les élections des sénateurs doivent avoir lieu le au plus tard, tandis que les élections des députés doivent avoir lieu le au plus tard. Ces élections ayant toujours été simultanées depuis un demi-siècle, il est attendu que les législatives soient organisées conjointement pour le mois de mai au plus tard[4]. Mi-2018, le Premier ministre Malcolm Turnbull prévoit des élections pour avril ou [5]. Le , le premier ministre Scott Morrison annonce que la date est fixée au [6]

Partis politiques et dirigeants[modifier | modifier le code]

Forces en présence
Partis Dirigeant Positionnement et Idéologie Résultats en 2016
Coalition Scott Morrison Centre droit
Alliance, libéralisme, conservatisme, agrarisme
76 députés
30 sénateurs
Parti libéral Scott Morrison Centre droit
Libéral-conservatisme, libéralisme économique
45 députés
14 sénateurs
Parti libéral national Deb Frecklington Centre droit
Libéral-conservatisme, conservatisme libéralisme économique
21 députés
10 sénateurs
Parti national Michael McCormack Centre droit à droite
Conservatisme, agrarisme
10 députés
5 sénateurs
Parti rural libéral Gary Higgins Centre droit
Libéral-conservatisme, agrarisme, Territoire du Nord
0 député
1 sénateur
Parti travailliste Bill Shorten Centre gauche
Social-démocratie, troisième voie, progressisme
69 députés
26 sénateurs
Verts Richard Di Natale Gauche
Écologie politique
1 député
9 sénateurs
Pauline Hanson's One Nation Pauline Hanson Droite
Nationalisme, conservatisme, protectionnisme
0 député
4 sénateurs
Alliance du centre - Centre
Centrisme, social-libéralisme
1 député
3 sénateurs
Parti unifié d'Australie Clive Palmer Centre droit
Libéralisme économique
1 député
0 sénateur
Parti australien de Katter Bob Katter Droite
National-conservatisme, nationalisme, agrarisme, protectionnisme
1 député
0 sénateur

Coalition[modifier | modifier le code]

Coalition
Parti libéral · Parti national
Parti libéral national · Parti rural libéral
Chef Scott Morrison
Députés en 2016 76
Sénateurs en 2016 30

La Coalition est formée des principaux partis de centre droit qui se présentent unis à presque toutes les élections : le Parti libéral, dirigé par Malcolm Turnbull, et le Parti national, représentant les zones rurales et dirigé par Michael McCormack. Au Queensland (Parti libéral national) et dans le Territoire du Nord (Parti rural libéral), la Coalition n'est représentée que par un seul parti.

La Coalition a retrouvé le pouvoir à l'issue des élections de 2013, disposant d'une majorité absolue à la Chambre des représentants et d'une majorité relative au Sénat. Elle la conserve de justesse lors des élections de 2016. Mi-2018, les sondages donnent la Coalition perdante pour les élections de 2019, ce qui pousse le ministre de l'Immigration Peter Dutton à défier le Premier ministre Malcolm Turnbull pour la direction du Parti libéral et du gouvernement. Lors d'un vote le , Malcolm Turnbull conserve la confiance d'une majorité des députés de la Coalition, et Peter Dutton démissionne du gouvernement[7]. Peu après, toutefois, une majorité des députés libéraux appellent à un nouveau vote pour la direction du parti. Le , Malcolm Turnbull démissionne, et les députés élisent Scott Morrison à la direction du gouvernement et du parti, par quarante-cinq voix contre quarante pour Peter Dutton. Scott Morrison, jusque là ministre des Finances, est un chrétien évangélique appartenant à l'aile droite du parti, tandis que Malcolm Turnbull était considéré comme un centriste[8].

Parti travailliste[modifier | modifier le code]

Parti travailliste
Chef Bill Shorten
Députés en 2016 69
Sénateurs en 2016 26

Le Parti travailliste (centre gauche) a été au pouvoir de 2007 à 2013, d'abord sous la direction de Kevin Rudd puis de Julia Gillard puis de nouveau de Kevin Rudd qui est défait lors des élections de 2013. Le , Bill Shorten est élu chef du Parti travailliste dans une élection où, pour la première fois, les adhérents du parti ont pu voter et non plus les seuls députés. Bill Shorten demeure chef du parti en date du 25 avril 2024, en amont des élections de 2019.

Autres partis[modifier | modifier le code]

Les Verts australiens (gauche écologiste) sont le « troisième parti » du champ politique australien. Ils ont remporté leur premier siège (la circonscription de Melbourne) lors des élections fédérales de 2010 et l'ont gardé en 2013 et en 2016. Du fait du système électoral proportionnel, ils sont surtout représentés au Sénat où ils obtiennent dix sièges en 2013 et neuf en 2016.

Les seuls autres partis représentés à la Chambre des représentants durant la législature 2016-2019 sont l'Alliance du centre (centriste, populiste, centrée autour du sénateur d'Australie-Méridionale Nick Xenophon), avec un siège, et le Parti australien de Katter (droite populiste et conservatrice), de Bob Katter, député du nord rural du Queensland. Au Sénat, le parti Pauline Hanson's One Nation (droite populiste) dispose de quatre sièges, dont celui de sa fondatrice Pauline Hanson, issue elle aussi du Queensland. Quatre autres petits partis de droite, allant des conservateurs libertariens aux évangéliques et aux populistes, disposent chacun d'un siège au Sénat.

Sondages[modifier | modifier le code]

Intentions de vote par partis
Intentions de vote par partis

Intentions de vote par préférence bipartisane
Intentions de vote par préférence bipartisane

Résultats[modifier | modifier le code]

Chambre des représentants[modifier | modifier le code]

Résultat des premières préférences (au-dessus) et préférences cumulées (en dessous) arrivées en tête par circonscription
Résultats des législatives australiennes de 2019[9]
Partis Votes % +/- Sièges +/-
Coalition 5 906 875 41,44 en diminution 0,60 77 en augmentation 1
Parti libéral 3 989 404 27,99 en diminution 0,68 44 en diminution 1
Parti libéral national 1 236 401 8,67 en diminution 0,15 23 en augmentation 2
Parti national 642 233 4,51 en diminution 0,10 10 en stagnation
Parti rural libéral 33 837 0,27 en augmentation 0,03 0 en stagnation
Parti travailliste 4 752 110 33,34 en diminution 1,39 68 en diminution 1
Verts 1 482 923 10,40 en augmentation 0,17 1 en stagnation
Parti unifié d'Australie 488 817 3,43 en augmentation 3,43 0 en stagnation
Une Nation 438 587 3,08 en augmentation 1,79 0 en stagnation
Parti australien de Katter 69 736 0,49 en diminution 0,05 1 en stagnation
Alliance du centre 46 931 0,33 en diminution 1,52 1 en stagnation
Autres partis 587 528 4,12 en diminution 2,38 0 en stagnation
Indépendants 479 836 3,37 en augmentation 0,56 3 en augmentation 1
Après répartition des préférences[N 1]
Coalition 7 344 813 51,53 en augmentation 1,17 77 en augmentation 1
Parti travailliste 6 908 530 48,47 en diminution 1,17 68 en diminution 1
Votes valides 14 253 343 94,46
Votes blancs et invalides 835 171 5,54
Total 15 088 514 100 - 151 en augmentation 1
Abstentions 1 331 029 8,11
Inscrits / participation 16 419 543 91,89

Sénat[modifier | modifier le code]

Résultats des sénatoriales australiennes de 2019[10]
Partis Votes % +/- Sièges
Élu Pas
en lice
Total +/-
Coalition 5 548 142 37,99 en augmentation 2,80 19 16 35 en augmentation 5
Ticket Libéral/National 3 152 483 21,59 en augmentation 1,57 6 6 12 en augmentation 2
Parti libéral 1 204 039 8,24 en augmentation 0,53 9 7 16 en augmentation 2
Parti libéral national 1 128 730 7,73 en augmentation 0,79 3 3 6 en augmentation 1
Parti rural libéral 38 513 0,26 en stagnation 1 0 1 en stagnation
Parti national 24 377 0,17 en diminution 0,08 0 0 0 en stagnation
Parti travailliste 4 204 313 28,79 en diminution 1,01 13 13 26 en stagnation
Verts 1 488 427 10,19 en augmentation 1,54 6 3 9 en stagnation
Une Nation 788 203 5,40 en augmentation 1,12 1 1 2 en diminution 2
Parti unifié d'Australie 345 199 2,36 en augmentation 1,86 0 0 0 en stagnation
Libéraux démocrates 169 735 1,16 en diminution 1,00 0 0 0 en diminution 1
Justice 105 459 0,72 en diminution 1,20 0 0 0 en diminution 1
Conservateurs 102 769 0,70 en augmentation 0,70 0 1 1 en stagnation
Réseau Lambie 31 383 0,21 en diminution 0,28 1 0 1 en stagnation
Alliance du centre 28 416 0,19 en diminution 3,10 0 2 2 en diminution 1
Autres partis 1 792 879 12,28 en augmentation 0,70 0 0 0 en stagnation
Votes valides 14 604 925 96,19
Votes blancs et invalides 579 160 3,81
Total 15 184 085 100 - 40 36 76 en stagnation
Abstentions 1 235 458 7,52
Inscrits / participation 16 419 543 92,48

Analyse et conséquences[modifier | modifier le code]

Les résultats constituent une authentique surprise, qualifiée de « miracle » pour la coalition : alors que les sondages annonçaient une alternance au profit du Parti travailliste (ALP) après six ans de gouvernement libéral, c'est bien la Coalition du Premier ministre Scott Morrison qui l'emporte avec une avance assez nette, les résultats en voix des principaux partis restant essentiellement inchangés à la chambre depuis les précédentes élections. La coalition enregistre par ailleurs une légère progression au Sénat[11]. Chef du Parti travailliste et de l'opposition depuis 2013, Bill Shorten annonce le soir même sa démission de la direction de l'ALP[12].

La victoire de Scott Morrison est saluée par le Minerals Council of Australia, qui y voit « un mandat sans équivoque pour les projets miniers qui disposent d'autorisations légitimes pour être mis en œuvre ». Les valeurs minières augmentent nettement à la Bourse de Sydney après les élections[13].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Addition de l'ensemble des premiers choix et de ceux suivants.

Références[modifier | modifier le code]