Écriture phagpa

Écriture phagpa
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Image illustrative de l’article Écriture phagpa
Édit daté de l'année du dragon (1328 ?), en langue mongole, les sceaux sont en chinois grand sceau.
Caractéristiques
Type Alphasyllabaire
Langue(s) langue mongole, langue tibétaine, sanskrit
Historique
Époque années 1270 aux années 1360
Créateur Drogön Chögyal Phagpa
Système(s) parent(s) écriture indienne (devanâgarî, Brahmi et Gupta)

 écriture tibétaine
  Écriture phagpa
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Système(s) dérivé(s) Hangeul (supposé)
Codage
Unicode U+A840 to U+A877
ISO 15924 Phag

L’écriture phagpa (tibétain : འཕགས་པ, Wylie : ’phags pa, THL : phagpa), parfois écrit phags-pa[1] ou encore phasgpa en français (en écriture phagpa : ꡏꡡꡃ
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, translittération : mongxol tshi (signifiant écriture mongole), désignée parfois aussi comme l’écriture carrée) fut un alphasyllabaire créé par le lama tibétain du monastère de Sakya Drogön Chögyal Phagpa, gouverneur religieux et temporel du Tibet et religieux de l'ensemble de la Chine sous la Dynastie Yuan. Il fut mis en place au poste de dishi (帝师, dìshī), que certains traduisent par précepteur impérial par l’empereur Kubilai Khan[2] au cours de la dynastie Yuan (XIIIe – XIVe siècles) en Chine. Elle fait partie des écritures mongoles et elle a la particularité d'avoir été utilisée comme écriture unifiée pour toutes les langues mongoles de l'Empire chinois de cette dynastie et permis par sa forme carrée de pouvoir être adaptée aux côtés des caractères chinois (hanzi), également carrés, notamment pour l'impression des billets de banque[3]. Elle tomba en désuétude quand la dynastie Yuan fut renversée par la dynastie Ming. L’importante documentation à propos de son utilisation donne aux linguistes modernes de nombreux renseignements quant aux changements intervenus depuis dans les langues chinoises et d’autres langues asiatiques de cette période.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le mot « Wiki » en caractères phagpas.
Comparaison entre l’écriture phagpa et l’alphabet hangeul.
Billet de banque de la dynastie Yuan, et sa matrice, mêlant phagpa et hanzi.

L’alphabet mongol, basé sur l’alphabet ouïghour, convient imparfaitement à la langue mongole, et pouvait dès lors être difficilement extensible à d’autres langues à la phonologie différente telles les langues chinoises. Dès lors, au cours de la dynastie Yuan (vers 1269), Kubilai Khan demanda à Phagpa de composer un nouvel alphabet pour l’ensemble de son empire. Phagpa le dériva de son écriture natale, l’alphasyllabaire tibétain (une écriture brahmique et gupta), pour être étendu au chinois et au mongol. Les 38 lettres créées ont été connues sous divers noms, comme p. ex., « écriture carrée » en raison de la forme, mais elles sont surtout connues de nos jours sous les noms d'alphabet « phagpa » ou « phags-pa ».

Malgré ses origines (le tibétain s'écrit horizontalement), l’écriture était verticale du haut vers le bas, suivant en cela les écritures mongoles précédentes. Cet alphabet ne fut pas largement accepté et tomba en désuétude avec la fin de la dynastie Yuan en 1368. Il fut cependant encore utilisé comme alphabet phonétique dans l'apprentissage de la langue chinoise par les Mongols.

Origine supposée du hangeul coréen[modifier | modifier le code]

L'orientaliste (sinologue, mongoliste, tibétologue et turcologue) français Jean-Pierre Abel-Rémusat dans son ouvrage « Recherches sur les langues tartares, ou Mémoires sur différents points de la grammaire et de la littérature des Mandchous, des Mongols, des Ouïgours et des Tibétains » en 1820 voit le tibétain comme une probable origine de l'écriture hangeul coréenne en y démontrant les ressemblances entre les formes et les sons de certains caractères[4]. L'historien Gari Ledyard (en), spécialiste de l'histoire de la Corée, voit plutôt l'écriture phagpa comme l'une des sources possibles de l’alphabet hangeul.

Archives[modifier | modifier le code]

Les Documents officiels du Tibet datant de la Dynastie Yuan (1304 — 1367), dont une partie est en écriture phagpa, d'autres en alphasyllabaire tibétain, sont classés, depuis 2013, mémoire du monde par l'UNESCO[1].

Unicode[modifier | modifier le code]

Dans la perspective d’un encodage et d’une utilisation électronique, la norme Unicode à partir de la version 5.0[5] a attribué les codes U+A840 à U+A877 aux 56 caractères phagpa.

 v · d · m 
en fr
0123456789ABCDEF
U+A840
U+A850
U+A860
U+A870  

Annexes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Pièce Tong bao de la dynastie Yuan, comprenant du Phags-pa
  1. a et b « page de présentation », sur UNESCO (consulté le )
  2. « Tibet — 3. La théocratie tibétaine (xie siècle-1950) », Larousse (consulté le )
  3. Voir image d'un billet de banque de la dynastie Yuan et sa matrice.
  4. Jean-Pierre Abel-Rémusat, Recherches sur les langues tartares, ou Mémoires sur différents points de la grammaire et de la littérature des Mandchous, des Mongols, des Ouigours et des Tibétains, Paris, Imprimerie royale, , 83 p. (BNF 31194940, lire en ligne)
  5. Unicode 5.0

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Louis Hambis, « Une édition originale sino-mongole du XIVe siècle », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 97,‎ (lire en ligne)
  • (zh) 呼格吉勒图 et 萨如拉, 八思巴字蒙古语文献汇编, 内蒙古教育出版社, coll. « A Series of Book for Altaic Studies / 阿尔泰学丛书 »,‎ , 537 p. (ISBN 9787531152330)
  • (zh) 安英姬, 《蒙古字韵》的八思巴字韵母系统研究,‎
  • (zh) 罗常培 et 蔡美彪, 八思巴字与元代汉语(增订本), 中国社会科学出版社,‎

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]