École militaire de haute montagne

École militaire de haute montagne
Image illustrative de l’article École militaire de haute montagne
Insigne de l'EMHM

Création 1932
Pays France
Branche Armée de terre française
Fait partie de 27e brigade d'infanterie de montagne
Garnison Chamonix, quartier Lieutenant-colonel Pourchier, route des Pècles
Ancienne dénomination École de haute montagne (EHM)
Devise Tot Dret
Commandant Colonel Lionel Mayade

L’École militaire de haute montagne ou EMHM (anciennement École de haute montagne) est placée sous l’autorité du général commandant la 27e brigade d'infanterie de montagne (27e BIM). Implantée à Chamonix depuis 1932, elle est la maison-mère des troupes de montagne[1].

Historique[modifier | modifier le code]

  • 1932 : création à Chamonix de l’École de haute montagne (EHM). Il s'agit alors de la première école de formation montagne des cadres des troupes alpines au niveau mondial. Ses missions sont axées sur l’instruction des cadres, la mise au point d’équipements de transmission et d’armement, et l'expérimentation de ceux-ci[2].
  • 1939 : au début de la Seconde Guerre mondiale, la majorité des cadres de l'EHM rejoignent le 199e bataillon de chasseurs de haute montagne dédié à la défense des Alpes.
  • 1945 : après la guerre, l’EHM est reconstituée. Elle a pour mission de former les cadres spécialistes de la montagne et du ski pour l’ensemble de l’Armée[3].
  • 1947 : création de l’Équipe de France militaire de ski. Placée sous la tutelle du Commissariat aux sports militaires, elle est soutenue et gérée par l’EHM.
  • 1948 : l’EHM participe à la création de la Société chamoniarde de secours en montagne[4].
  • 1961 : la première section d’engagés volontaires sous-officiers est incorporée à l’EHM. Depuis cette date, une petite centaine de promotions ont été formées à l’école[5].
  • 1963 : l’EHM organise le VIIIe Championnat international militaire de ski. Le chasseur Jean-Claude Killy s’impose sur le slalom spécial[6].
  • 1964 : l’École de haute montagne (EHM) devient l’École militaire de haute montagne (EMHM)[2].
  • 1966 : un rassemblement militaire international des écoles de montagne est créé à l'EMHM. En plus de la France, les quatre nations alpines (Allemagne, Suisse, Autriche et Italie) y participent[6].
  • 1981 : le Groupe militaire de haute montagne (GMHM) quitte Grenoble où il a été créé 5 ans auparavant pour s’installer à l’EMHM. Bien qu’il reçoive les ordres directement du général commandant la 27e BIM, il fait partie intégrante de l’école[7],[8].
  • 2012 : l’École militaire de haute montagne intègre la 27e Brigade d’infanterie de montagne[6].
  • 2014 : homologation du fanion et des insignes de l’École militaire de haute montagne auprès des services historiques de la Défense[9].

Missions de l'EMHM[modifier | modifier le code]

Formation des Sections d'éclaireurs de montagne[modifier | modifier le code]

Chaque année, une promotion d’environ soixante-dix élèves est incorporée à l'EMHM.

Cette promotion est constituée grâce à deux types de recrutement :

  • le recrutement direct (EVSO), formé par des volontaires issus du milieu civil ;
  • le recrutement semi-direct (ESO), composé de militaires du rang issus d'unités de la 27e Brigade d’infanterie de montagne et d'unités des forces spéciales ;

Leur formation dure respectivement 11 et 8 mois et leur donne les aptitudes techniques et tactiques pour commander un groupe de combat en montagne. Ainsi, ces sous-officiers doivent être en mesure de mener à bien des opérations militaires dans un environnement hostile en moyenne et haute montagne.

À l'issue de cette scolarité de chef et de montagnard, les élèves se voient remettre le grade de sergent, et sont affectés (ou ré-affectés pour les semi-directs) dans les différentes unités qui composent la 27e Brigade d’infanterie de montagne et le Commandement des Forces Spéciales Terre[10].

Les formations montagne[modifier | modifier le code]

Chaque année, l'EMHM dispense des formations spécifiques aux cadres des troupes de montagne et plus largement de l'Armée de terre, leur permettant d’exercer leur commandement et de remplir des missions en zone montagneuse. Le principe tactique qui y est développé consiste à utiliser le terrain et les techniques alpines afin de « dominer et surprendre » l’ennemi[11].

Les actions de formation organisées au sein de l’EMHM s’échelonnent sur trois niveaux amenant progressivement les stagiaires à une maîtrise du milieu alpin (estival et hivernal) et des techniques de déplacement spécifiques à cet environnement. Ces actions de formation visent à :

  • dispenser un socle de connaissances sur le milieu montagnard et un bagage technique permettant, outre l’autonomie individuelle, d’assister le chef du détachement et d’assurer la fonction de chef de cordée[12] ;
  • donner aux stagiaires la capacité d’instruire et de commander en haute montagne un détachement correspondant à son grade et à sa fonction[13] ;
  • permettre l'organisation et la conduite des formations montagne dans une unité de troupes alpines ; conseiller le chef de corps et les commandants d’unité dans les domaines de la conduite, de l’instruction et de la sécurité des activités montagne[14].

Pour maintenir son niveau de compétence, l’EMHM met également en œuvre des actions de formation au profit de ses cadres instructeurs.

En 90 ans d'existence, l’école a formé plus de 50 000 stagiaires dont 1 800 étrangers représentant 28 nations.

Pôle militaire d'excellence[modifier | modifier le code]

Groupe militaire de haute montagne (GMHM)[modifier | modifier le code]

Le Groupe militaire de haute montagne a été créé en 1976 à Grenoble et implanté à l’EMHM en 1981.

Cette unité a été élaborée afin de promouvoir au sein des armées un alpinisme de haut niveau[15]. À l'instar de la patrouille de France, le GMHM participe au rayonnement des Armées.

Trois missions principales ont été confiées au Groupe militaire de haute montagne[16] :

  1. Maîtriser un milieu extrême en réalisant des expéditions techniques et exploratoires (un effort particulier est porté sur les milieux verticaux et « grand froid ») ;
  2. Développer des connaissances, matériels et techniques permettant d'appréhender ces milieux, et en dégager des applications concrètes, opérationnelles ou civiles ;
  3. Transmettre ces connaissances vers certaines unités de l’Armée de terre (comme les Groupements commando montagne, depuis 2012)[17].

Après avoir conquis les 3 pôles (pôle Nord, pôle Sud et Everest), le Groupe a, entre autres, réalisé :

Équipe de France militaire de ski (EFMS)[modifier | modifier le code]

Stage de l'équipe de France militaire de ski à Pau en 2012.

L'EFMS est une équipe constituée de sportifs de haut niveau. Créée en 1947 et installée à Chamonix au sein de l'École militaire de haute montagne, cette équipe a vu défiler de nombreux skieurs et d'entraîneurs, appelés du contingent ou militaires d'active de l'Armée de terre. L’EFMS a dernièrement compté parmi ses rangs le sous-lieutenant Martin Fourcade, le sergent-chef Vincent Jay, le sergent-chef Vincent Defrasne et le sergent Sandrine Bailly en biathlon, le sergent-chef Vincent Vittoz en ski de fond, les caporaux Jean-Baptiste Grange, Sébastien Amiez et Luc Alphand en ski alpin.

Malgré la fin de la conscription en 2002, l'EFMS reste constituée. Lors de la mise sur pied en 2014 du dispositif « une Armée de Champions », au sein du Centre national des sports de la défense (CNSD), elle est intégrée dans le bataillon de Joinville (compagnie hiver interarmées). Elle reste toutefois implantée au sein de l'EMHM à Chamonix. Avec la professionnalisation des armées, l'EFMS offre des contrats de travail à des sportifs de haut niveau, leur permettant ainsi de se concentrer sur leurs objectifs[23].

En 2022, l’EFMS est constituée de cinq encadrants (dont deux entraîneurs : le sergent-chef Alexandre Rousselet, entraîneur de l’équipe de France A, et le caporal-chef Simon Fourcade, entraîneur de l’équipe de France junior de biathlon) et de 32 sportifs de haut niveau de la défense (SHND) dans les 12 disciplines suivantes[24],[25] :

Chefs de corps ayant commandé l'EMHM[modifier | modifier le code]

Liste de commandants[26] :

  • 1932-1939 : capitaine Pourchier ;
  • 1944-1945 : capitaine Lefort ;
  • 1945-1947 : chef de bataillon Duchaussoy ;
  • 1947-1951 : chef de bataillon Flotard ;
  • 1951-1954 : chef de bataillon Jeannel de Thiersant ;
  • 1954-1958 : lieutenant-colonel Le Gall ;
  • 1958-1963 : lieutenant-colonel Courbe Michollet ;
  • 1963-1969 : colonel Gonnet ;
  • 1969-1972 : colonel Mailly ;
  • 1972-1975 : colonel de Monicault ;
  • 1975-1978 : colonel Roubaud ;
  • 1978-1982 : colonel & Général Jacquenot ;
  • 1982-1984 : colonel Raffort ;
  • 1984-1986 : colonel Peeters ;
  • 1986-1988 : colonel Martre ;
  • 1988-1990 : colonel Bernard Aussedat ;
  • 1990-1993 : lieutenant-colonel Villien ;
  • 1993-1995 : lieutenant-colonel de Monicault ;
  • 1995-1997 : lieutenant-colonel du Tremolet ;
  • 1997-1999 : lieutenant-colonel Bazin ;
  • 1999-2002 : colonel Batani ;
  • 2002-2004 : lieutenant-colonel Martin ;
  • 2004-2006 : colonel Lapouge ;
  • 2006-2008 : lieutenant-colonel Duvivier ;
  • 2008-2010 : lieutenant-colonel Perreaut ;
  • 2010-2012 : colonel Gomart ;
  • 2012-2014 : colonel Bourgeois ;
  • 2014-2016 : colonel Hilaire Courau ;
  • 2016-2018 : colonel Bertrand Leduc ;
  • 2018-2020 : colonel Jacques Roussel ;
  • 2020-2022 : colonel Renaud Courbion ;
  • 2022- : colonel Lionel Mayade

Organisation de compétitions[modifier | modifier le code]

Entre 1999 et 2019, l'École militaire de haute montagne a organisé annuellement le championnat de France militaire d’escalade (organisation biannuelle depuis 2019)[27]. Elle participe à l’organisation de la piste Kandahar à Chamonix[28] et du Marathon du Mont-Blanc.

Participations[modifier | modifier le code]

L'EMHM est membre de l'International Association of Military Mountain Schools (IAMMS) dont les membres accueillent, à tour de rôle, un séminaire annuel d'échange sur des sujets d’intérêt commun (doctrine, équipement, technique, etc.)[29].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « EMHM : la maison mère des troupes de montagne », sur defense-zone.com (consulté le ).
  2. a et b Maurice Gay, L’École Militaire de Haute Montagne, Chamonix, L’Amicale de l’École Militaire de Haute Montagne, , 400 p..
  3. Maurice Gay, L'École Militaire de Haute Montagne, Chamonix, L'Amicale de l'École Militaire de Haute Montagne, , 400 p., chap. 4 (« L'après-guerre : 1945-1959 »), p. 133.
  4. « Site internet de la Chamoniarde : historique », sur La Chamoniarde.
  5. Entre 2020 et 2021, la Section d'éclaireurs de montagne formée à l'EMHM était la SEM no 83.
  6. a b et c « Tot Dret », Journal,‎ (lire en ligne [PDF]).
  7. « Site internet du GMHM », .
  8. « La 27e BIM, la brigade de l’urgence spécialisée montagne », sur defense-zone.com,  : « En 1976, la 27e division alpine est créée [...]. Cette année-là est aussi marquée par la création du Groupe militaire de haute montagne (GMHM) ».
  9. « Un fanion enfin réglementaire », sur www.defense.gouv.fr, .
  10. « La formation sous-officiers montagne », sur www.emhm.terre.defense.gouv.fr.
  11. « Les formations montagne », sur www.emhm.terre.defense.gouv.fr (consulté le ).
  12. « Qualification », sur www.emhm.terre.defense.gouv.fr (consulté le ).
  13. « Perfectionnement », sur www.emhm.terre.defense.gouv.fr.
  14. « Expertise », sur www.emhm.terre.defense.gouv.fr.
  15. Capitaine Hubert Giot, Commandant Alain Estève, Verticales, Paris, Addim, , 95 p. (ISBN 2-907341-26-X).
  16. « [Groupe] Missions », sur Le Groupe Militaire de Haute Montagne (consulté le ).
  17. Christophe Raylat, « Dans les pas du Groupe », sur Youtube, .
  18. « Aventure: la 1re traversée de la cordillère Darwin sur grand écran », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  19. « Le GMHM au Kamet Garhwal Inde voyage expédition montagne alpinisme himalaya » (consulté le ).
  20. « 2014 - Tibet : Shishapangma, ultime face à face » (consulté le ).
  21. « 2018 - Changabang et les miroirs d'une répétition » (consulté le ).
  22. « 2019 - Patagonie Cerro Torre : La méthode 3 par 3 : Choisir, c'est renoncer... ou pas » (consulté le ).
  23. « Equipe de France Militaire de Ski », sur www.facebook.com (consulté le ).
  24. « Les nouveaux athlètes de l’équipe de France militaire », sur www.defense.gouv.fr, .
  25. « Stage commando chez les forces spéciales : La Mission » (consulté le ).
  26. « Historique », sur www.emhm.terre.defense.gouv.fr (consulté le ).
  27. « Retour sur les championnats de France militaires d’escalade · PlanetGrimpe - Toute l'actualité escalade », sur planetgrimpe.com (consulté le ).
  28. « Coupe du monde de ski alpin hommes Kandahar | Kandahar - chamonixworldcup.com », sur Kandahar - Chamonix World Cup (consulté le ).
  29. (ang) « Site internet de l'IAMMS, liste des membres. », sur International Association of Military Mountain Schools.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]