Échauguette

Échauguettes, manoir de Guernac'hanay, Plouaret.

Dans un château fort ou une fortification, une échauguette est une petite pièce carrée, polygonale ou cylindrique, le plus souvent construite en encorbellement et dotée de mâchicoulis et de meurtrières, destinée à abriter un guetteur et à lui permettre d'avoir un champ de vision complet sur le secteur (270 degrés).

Étymologie[modifier | modifier le code]

« Échauguette » vient de l'ancien français escharguaite ou eschargaite (XIe – XVIe siècles) signifiant, au sens premier, « troupe faisant le guet », du germanique skara, « troupe », wahta, « guet[1] », au sens second, « action de faire le guet », et au sens troisième, « guérite pour faire le guet », « échauguette[2] ».

Les autres écritures du mot sont : eschauguette, escharguette, escargaite, eschelgaite, esgaritte, garite, pionnelle, maisoncelle, centinelle, sentinelle, hobette[3].

L' échauguette désignait, au Moyen Âge :

  • la sentinelle :
« Servanz i mist è chevaliers,
Et eschargait es è portiers,
Puis est repairiez à Danfront[4]. »
Ses eschauguettes a li rois devisé[5]. »
  • mais aussi la garde, le poste :
« Par l’escargaite Droom le Poitevin,
le fil le roi en laissa fors issir[6]. »

On disait escargaiter pour « garder », « épier » :

« L’Ost escargaïte Salemon li Senés[7]. »

Cité par Eugène Viollet-le-Duc[8].

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Une échauguette se différencie d'une tour en étant construite attenante à un mur. Une tour est construite à partir du sol.

Dans les plus anciennes fortifications du Moyen Âge, il y avait des échauguettes. Il est à croire que ces premières échauguettes étaient en bois, comme les hourds, et qu'on les posait en temps de guerre. Tous les couronnements de forteresses antérieures au XIIe siècle étant détruits, nous ne connaissons pas la forme exacte de ces échauguettes primitives ; lorsqu'elles ne consistaient pas seulement en petites loges de bois, mais si elles étaient construites en maçonnerie, ce n’étaient que de petits pavillons carrés ou cylindriques couronnant les angles des défenses principales, comme ceux du donjon du château d’Arques. Les plus anciennes échauguettes encore existantes sont placées sur les défenses ; elles sont ouvertes ou fermées, couvertes et munies même de cheminées, ou ne présentent qu’une saillie sur un angle, le long d’une courtine, de manière à offrir un petit flanquement destiné à faciliter la surveillance, à poser une sentinelle, une guette. C’était particulièrement dans le voisinage des portes, aux angles des gros ouvrages, au sommet des donjons, que l’on construisait des échauguettes. Les dernières échauguettes sont en forme de poivrière sur un cul-de-lampe et n'ont plus de fonction défensive, gardant uniquement la valeur d'une guérite[9].

Échauguette du château de Brest.

Les échauguettes sont généralement munies de meurtrières. Plusieurs églises fortifiées de Thiérache en sont équipées.

Certaines échauguettes peuvent avoir des fonctions autres que le guet ; elles peuvent notamment servir de latrines comme à Aigues-Mortes et Villeneuve-lès-Avignon.

Échauguette et guérite[modifier | modifier le code]

Les fortifications bastionnées construites sur instructions de Vauban comprennent des ouvrages appelés guérites en pierre, à la fois sur corbeau et sur console. Le nom d'échauguette n'était pas utilisé par l'ingénieur de Louis XIV, ce qui ne veut pas dire que les ouvrages concernés ne sont pas des échauguettes.

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Garin le Lorrain. La leçon eschargaite est préférable ; elle est employée dans le même roman : « De l’échargaite, por Dieu, qu’en sera-t-il ? » Ce mot est formé de scara, interprété dans les monuments du VIIIe siècle par turma, acies, et de wachte, garde. Scaraguayta.
  2. R. Grandsaignes d'Hauterive, Dictionnaire d'ancien français. Moyen Âge et Renaissance, Librairie Larousse, , p. 237.
  3. « Échauguette à Decize un remarquable patrimoine », sur Nièvre Passion, (consulté le )
  4. Roman d'Ogier l'Ardenois, vers 1122 et suivants.
  5. Ibid., vers 10736.
  6. Archives de Béthune, de Péronne, de Noyon. Voir Les Artistes du nord de la France aux XIVe, XVe et XVIe siècles, par AL de la Fons, baron de Mélicocq, Béthune, 1848.
  7. Le Roman de Rou, vers 9519 et suivants.
  8. « Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Échauguette - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
  9. Eugène Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, vol. 5, Bance-Morel, , p. 133.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

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